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Une réplique du commandant Raynal à la Falouse

Célèbre pour la défense du fort de Vaux, le commandant Sylvain Raynal trône aussi à la Falouse.

L’inauguration de la sculpture bluffante de réalisme s’est déroulée le 20 mai dernier en présence des descendants de l’officier.

Il est un peu pale, non ? », plaisante Patrick Raynal en contemplant le mannequin de son grand-père.

Pâle, peut-être, mais surtout rigoureusement identique à l’ancien défenseur fort de Vaux.

« 1,62 m, la fossette au menton, les bacchantes et les sourcils broussailleux », décrit Frédéric Radet, copropriétaire, guide et homme à tout faire de l’ouvrage de la Falouse. « Il se déplaçait aussi avec une canne car il avait été blessé plusieurs fois. »

D’ailleurs, Raynal n’aurait jamais dû poser les bottes à la Falouse. « Après trois blessures, il a été déclaré inapte au combat mais, face à l’hécatombe d’officiers, il s’est porté volontaire pour prendre le commandement d’un fort », détaille le guide Pierre Len-hard. Ça sera Vaux. Au cœur de l’enfer.

Évoquer sa garnison

Un fort que l’armée allemande attaque une semaine après l’arrivée de Raynal. Le 7 juin 1916, après avoir offert une résistance héroïque pendant sept jours, les Français se ren dent. Assoiffés, dénutris, ils ont combattu jusqu’à l’épuise ment dans le sillage de ce commandant de 49 ans.

« À travers lui, on évoque aussi sa garnison », ajoute justement Frédéric Radet, qui va installer le 32e mannequin de la Falouse, dans le poste de commandement. « Car avant de monter à Vaux, il a passé une journée ici avec le capitaine Poirier, qui dirigeait l’ou-vrage. »

« On suppose qu’il est venu prendre des consignes car, avant, il servait dans l’infanterie », révèle Pierre Lenhard.

« Il n’avait pas l’expérience du commandement d’un fort. »

À 72 ans, Patrick Raynal, le petit-fils du commandant, ne pouvait pas manquer l’événement. Tout comme Vincent Brient (20 ans), un des arrière-petits-enfants de l’officier supérieur promu colonel en 1925. « On avait d’ailleurs demandé l’accord à la famille pour réaliser le mannequin », précise Frédéric Radet.

« Un héros tragique »

« Mon grand-père était un héros tragique mais il n’a jamais abandonné le combat et sa vaillance a forcé le respect des Allemands », raconte Patrick. « C’est aussi pour ça qu’il a été bien traité pendant sa captivité, au cours de laquelle il avait dû donner sa parole d’honneur qu’il ne s’évaderait pas. Quelque chose qui avait un sens à l’époque.»

« J’ai été bercé par ses anecdotes pendant toute mon enfance et c’est important car ma génération a tendance à oublier », indique Vincent Brient.

« Je remercie tout le monde car le devoir de mémoire s’entretient tous les jours », conclut celui qui va bientôt « faire ajouter « Raynal » » à son patronyme.

Mon grand-père était un héros tragique mais il n’a jamais abandonné le combat et sa vaillance a forcé le respect des Allemands

Patrick Raynal

Petit-fils de Sylvain Raynal

Matthieu BOEDEC – Est Républicain